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Résistance au changement ou entrée en résistance ?

 

Ce n’est pas le passage à la nouvelle année qui provoque chez moi des réflexions existentielles mais bien la période estivale. Peut-être parce que je suis plus attentif aux nouvelles du monde, aux positionnement des politiques, aux avis d’experts, aux informations d’une façon générale…  Quoiqu’il en soit, il est temps pour moi, de marquer mon désappointement, ou plutôt mon hostilité à la direction que prend le « monde », et surtout sa « population » vers un avenir où je ne veux pas m’engager.

Se poser la question : « c’est qui le patron ? »

C’est la première des questions fondamentales. Et pourtant la réponse est particulièrement complexe. Spontanément on aimerait dire « le patron, c’est moi ! » Sauf que, vous le savez bien, ce n’est pas vrai. Le passage d’une situation de servitude, d’assujettissement à l’économie où le marxisme avait beau jeu de parler d’exploitation, à la situation de « consommateur » a pu faire croire que les temps avaient changé. Que nenni ! Le citoyen client est un leurre. Il est vrai que tout est fait pour lui faire croire qu’il est le roi. On lui demande son avis en permanence. Les « notations », les « like », les TripAdvisor » dont les exploitations sont dans le meilleur des cas tronquées, et dans le pire « frauduleux » peuvent lui donner cette illusion. Maintenant regardez de près :  tout est fait pour vous contraindre à passer par des sites ou des plateformes. Il n’est pratiquement pas possible de rencontrer des interlocuteurs physiques sauf parfois par rendez-vous ce qui vous demande de vous déplacer, d’allonger le temps de réponse, et de ne pas être certain que vous aurez la solution. Des exemples : prendre un billet de train, changer de contrat de téléphone lors d’un déménagement, changer l’adresse d’un contrat de gaz chez un opérateur public ou privé (même galère) , imprimer une page d’annonce sur certain sites immobiliers, avoir un renseignement administratif dans une université… et la personne que vous avez finalement dans le centre d’appel de Casablanca, de Maurice ou…de Nevers peut très bien vous répondre : « on vous dit que ce sera dans une semaine, en attendant vous serez coupé ! » ou encore « vous avez toutes les explications sur le site…ou sur la FAQ »…

Votre avis n’a, finalement, aucun intérêt. Ce qui compte c’est le « traitement » numérique. L’outil a plus d’importance que l’efficacité. (On avait déjà connu ça lors de l’arrivée des progiciels intégrés en entreprise (SAP) … Et en plus on vous raconte des histoires… Vous voulez maigrir ? Une semaine gratuite vous est proposée, encore faut-il lire les petites lignes… à condition de commander 4 semaines et demander le remboursement de la première semaine… mais ça c’est écrit pas dit…

Du coup, les GAFA et leurs adeptes, font la loi…

En vous caressant dans le sens du poil, les opérateurs numériques n’en font qu’à leur tête. Bien sûr ces entreprises sont composées d’hommes et de femmes. On pourrait alors imaginer, concurrence aidant, que c’est le client et ses attentes qui vont être pris en compte… même pas en rêve !

Le développement de l’outil va être la réalité de la stratégie. Et la compensation qui va provoquer l’adhésion tient en un mot : le confort.

Je pense pour vous, je vous oriente, je vous accompagne et je peux même décider pour vous. C’est confortable et l’illusion est parfaite puisque vous êtes confortés par des avis d’homologues qui attestent qu’ils sont satisfaits, où qu’ils pensent comme vous… le traitement est non seulement orienté mais aussi la clé de voute de la manipulation. Promettre l’homme augmenté voire l’immortalité fait partie de l’argumentation quasi- « religieuse ».

Et, moi, je ne supporte pas d’être manipulé… Ne pas être le « patron », pourquoi pas, si la démocratie est la règle…

A vrai dire, je ne supporte pas la dictature, y compris celle du peuple, mais pas non plus celle de l’individu. C’est une des raisons pour laquelle je ne suis pas à l’aise avec la constitution américaine.

La démocratie est devenue aussi un leurre

Les règles sont assez simples. Je vis dans un pays où je peux voter, choisir les orientations de développement des institutions, des politiques, des choix économiques, de l’évolution sociétale… Si la majorité ne suit pas mon avis, je dois faire preuve de conviction et d’explications pour être majoritaire la prochaine fois.

Aujourd’hui, ce n’est plus cette règle qui est la norme. Je ne suis pas d’accord avec le choix de la majorité, je mobilise sur les réseaux sociaux, je bloque, je casse, je fais passer le droit d’une minorité au prétexte que je représente la majorité silencieuse. Après tout, direz-vous, les révolutions sont peut-être parfois nécessaires, sauf que… on ne veut pas s’organiser (gilets jaunes), on discrédite ceux qui veulent donner un sens « politique » au mouvement. Une « anarchie » peuplée d’ego destructeurs.

Les « politiques » sont en partie responsables de cet état de déliquescence. Les manquements à l’exemplarité, les mensonges, les retournements de « vestes », les absences d’écoutes, les trahisons… autant d’occasion de perte de confiance. Il n’empêche que les règles du jeu demeurent : on vote !

Mais le vote politique ne peut pas satisfaire les champions du numérique. Il ne peut y avoir qu’un décideur : l’état ou l’outil. Les deux ne sont pas compatibles. Les environnements de type statistiques, sondages, enquêtes sont là pour « noyer le poisson »

« Oh, God, what have we done » disait Oppenheimer le père de la bombinette. Au départ, le scientifique avait l’impression de faire avancer l’humanité avec ses recherches sur l’atome. Les scientifiques, les analystes, les développeurs, les datascientists, ne sont-ils pas dans cette situation… L’outil ne sait pas se raisonner. Il arrive un moment où les alibis permettent aux ego de permettre l’ouverture du chemin de l’enfer.

Les « populistes » peuvent ainsi naviguer à vue, car la situation politique est telle qu’ils peuvent utiliser les « restes » de la démocratie pour prendre le pouvoir…qui ne sera que temporaire, bien entendu. L’histoire se répète même si elle ne sait pas tenir compte de ses erreurs.

Le peuple à qui l’on ment ne croit plus à rien. Et s’il ne croit à rien, il devient paradoxalement totalement soumis. Soumission d’un côté, refus d’accepter les règles de l’autre, et des deux côtés mensonges, fakes, et stéréotypes…

Je n’ai pas ma place dans cette dichotomie…

Les temps changent et les « gens » aussi…

Je sais que je vais avoir des adeptes et des contradicteurs sur mes premières réflexions. Sur ce qui suit j’ai bien peur de n’avoir que des opposants. Mais tant pis, j’assume.

Quelques constatations sans hiérarchie d’intérêt :

  • Les 25 tonnes/jour de déchets ramassés sur les autoroutes (canettes, bouteilles, couches sales… et parmi les contrevenants impunis combien de personnes qui déclarent être inquiets pour la planète ?
  • Les enfants à qui l’on n’apprend plus à nager … d’où une augmentation forte des noyades. Les parents sont en cause, que ce soit le père qui ne va plus à la piscine avec sa descendance ou la mère qui en Egypte, ne va plus à la plage (religion et habillement obligent) et là c’est une génération entière qui ne sait plus nager (c’était le rôle de la mère) …
  • Les automobilistes qui considèrent que mettre le clignotant suffit à se doter de la priorité. Le rétroviseur ne sert plus à rien. Et les autres n’existent pas.
  • La personne qui bloque la rue en face d’un distributeur de billets au prétexte qu’il n’en n’a que pour quelques minutes et que vous pouvez bien attendre…
  • Les jeunes filles qui disent que des femmes qui se font bronzer les seins nus devraient aller sur des plages naturistes et les hommes qui disent qu’elles peuvent le faire, mais entre elles… non, nous ne sommes pas sur une plage du moyen orient, mais sur la côte atlantique française.
  • L’absence de respect de la parole donnée « oui d’accord, mais… » Le changement d’environnement justifie la reprise de sa parole.
  • Je ne peux suivre mon cours et « apprendre » que si je suis dans un environnement ludique. Si tel n’est pas le cas, je suis capable de m’endormir en cours.
  • L’enfant est de plus en plus roi…comme le consommateur c’est aussi un leurre puisque la royauté peut se faire au détriment de son intérêt plus tard.
  • On ne peut pas faire confiance aux médias, on peut le faire aux réseaux sociaux puisque … tout le monde peut contrôler.
  • Les « gourous » et les fausses bonnes idées apparaissent, disparaissent et renaissent sans que les leçons n’en soient tirées réellement. On les trouve aussi bien en entreprise, dans le management, que dans le cadre de la « santé », de la diététique, de la religion, de l’éducation, des sports, de la philosophie… Les réseaux sociaux décuplent leurs zones de chalandise.
  • L’art devient la négation de l’art…mais ça, ce n’est pas nouveau, j’en conviens.
  • Il semble que l’égalité Femme/Homme est devenue monnaie courante alors que les parents continuent de choisir des jouets et des orientations scolaires ou des loisirs en fonction des sexes des enfants.
  • Et je peux en citer encore …

Mais vous me direz que de tout temps ces comportements ont existé. D’accord, mais ils se généralisent et deviennent la norme…

Et là, je ne veux pas devenir « normal » …

 

Le climat… au fond tout le monde s’en fiche !

La maison brûle ? Les lobbies ne jouent pas les pompiers, bien au contraire. Et pourtant, on continue de regarder l’eau se raréfier sans réagir, on continue à regarder le voisin cultiver du maïs et pomper toute la nuit de l’eau dans la Sioule dont le niveau est au plus bas… mais qui pose la question de l’utilité ou du remplacement du maïs ?

Les entreprises et les institutions sont passées à la RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) Cette RSE est un véritable objectif vertueux. Des cadres dirigeants voient leurs variables ajustés aux atteintes des objectifs RSE. La RSE est devenu un objet d’évaluation financière. Et dans RSE on entend le développement durable, la bonne gouvernance, les relations sociales, etc…

Maintenant comment croire une entreprise pétrolière lorsqu’elle parle de RSE, comment interpréter ce dirigeant d’un grand groupe du CAC40 qui signale que le capitalisme s’adapte très bien à la RSE… Quel crédit accorder à la RSE d’une entreprise de recyclage qui exporte ses déchets dans les pays en voie de développement ?

Que penser de cette société pharmaceutique qui rejette ses eaux usées dans un petit cours d’eau de proximité ?

Les jeunes générations semblent être sensibles à la RSE comme élément de marque employeur. Et d’un autre côté, ces mêmes générations ne voient aucune difficulté à ne pas trier les déchets des plateaux du Mac où ils ont pris leur repas favori…

J’ai connu une planète plus accueillante, je veux la retrouver !

Les nouvelles générations, justement…

Deux camps : ceux qui disent que les comportements générationnels n’existent pas et les autres… Je suis plutôt d’accord avec les autres. Qu’on m’explique comment une génération peut ne pas être influencée par son environnement… sociologiquement ce n’est pas possible. Or, les nouvelles générations n’ont pas connu un monde sans internet, ils trouvent « normal » des comportements numériques que ceux qui ont connu « avant » trouvent déplacés. Il en va de même pour la relation au travail, la relation à l’autorité, la relation aux autres, la relation au temps, la relation à l’espace…

Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Ce sont des comportements que l’on arrive à réguler en cas de management interculturel…alors pourquoi pas là.

Sauf que la nature de ces comportements devient hégémonique et ça, pour ma part, je ne peux l’accepter. Ce que je reproche aux nouvelles générations c’est aussi ce que je reproche aux plus anciennes : on ne tient pas compte que d’autres puissent penser différemment. Et surtout être sûr de soi et alors de s’auto absoudre ou de se dédouaner.

Les « c’est pas grave », les « bon, on a le droit de se tromper » ou les « et Marc, ça lui est arrivé et on ne lui a rien dit… »

Et en entreprise, c’est aussi une piste dangereuse…

Que ce soit les entreprises libérées, les « agiles », les « bonheur au travail » , les modes « machin » et les modes « truc », comment ne pas être désespéré devant autant de pièges à gogos…et pourtant toujours des adeptes, des prophètes, des gourous, des managers croyants, des disciples de méthodes au mieux « Coué » au pire « secte ». Même si les jeunes ne sont pas les seuls à s’y laisser prendre. ¨pour eux, du moment que c’est ludique…. Mais la vie n’est pas un jeu et surtout on ne peut pas racheter des vies si on loupe la sienne…

Pour les dirigeants, ils entrainent dans leurs délires des centaines de salariés qui ne demandent que du travail et de la reconnaissance… mais leur ego surdimensionné et leur soif d’irrationnel les égarent sur des chemins mortifères. Le problème : avant, on pouvait revenir en arrière et repartir sinon de zéro (passer par pertes et profits les générations sacrifiées) mais au moins reprendre un chemin plus classique, peut-être, mais moins dangereux, mais c’était avant ! Aujourd’hui la numérisation est souvent un aller sans retour, une impossible marche arrière. Et c’est à ce moment que la machine peut donner l’illusion de prendre le pouvoir, alors que c’est l’homme qui s’est placé lui-même dans cette situation.

Je n’ai, bien entendu, pas d’alternative. Face à cette dérive humaine, il ne me reste qu’à saluer bien bas et quitter cette terre devenue inhospitalière, enfin que nous avons rendu inhospitalière. Et pourtant, je ne le fais pas, du moins pas encore, alors pourquoi ?

 

Quelques minimes pistes d’espoir…

En écoutant la radio ces derniers jours, mon pessimisme naturel s’est aggravé par les reportages sur les événements de Nantes d’une part et sur une interview de gilets jaunes d’autre part.

  • La mort d’un jeune lors de la fête de la musique a été l’occasion de se défausser à tous niveaux (politique, administratif, police…) mais je retiens ces phrases d’un jeune qui était aussi présent ce soir-là : « oui, j’étais comme les autres, pris par l’ambiance, l’heure de fermeture était passée, mais on s’amusait bien, alors, pas grave…mais j’aurai pu y rester moi aussi car je ne savais pas nager …
  • J’avais créé un restaurant mais je n’avais pas d’argent. A la suite d’un problème perso…un divorce, les factures se sont accumulées et j’ai été obligé de subir une liquidation judiciaire. Avec trois enfants c’est dur. Je suis alors allé sur les ronds-points.

Vous allez dire que relier ces deux témoignages est hasardeux. J’en conviens. Malgré tout, dans les deux cas, on n’assume pas. Dépassement de l’heure de fermeture, pas savoir nager… et prendre le risque d’une ouverture de société sans fonds propres, prendre le risque alors que l’on a 3 enfants… C’est ce « système » qui est piégeant : je rejette la faute sur l’autre et me refuse à être lucide sur ma part de responsabilité.

Une autre réflexion me vient en écoutant ce dimanche à la radio deux humoristes belges prétendument philosophes, déclarer que l’orthographe, ou la rhétorique n’ont aucun intérêt si on n’a pas besoin de s’en servir dans son métier… Mais, bon dieu, pourquoi vouloir tirer les gens vers le bas. Et puis, je fais partie de ceux qui pensent qu’à un moment, dans la vie sociale, la forme peut polluer le fond…

Ma première piste d’espoir est donc la suivante : mettre l’éducation nationale face à ce double enjeu : rétablir le côté structurant de la forme, d’une part et de l’autre apprendre à assumer. Ce n’est pas de la discrimination, ni de la chasse à l’erreur, mais justement savoir se nourrir des échecs et des erreurs pour avancer. De l’empathie, mais pas de justification bidon. Fini le « pas grave ».

Je rencontre de plus en plus d’enseignants qui en prennent conscience. Il ne manque que l’accord de l’administration. Commencer par supprimer cette indulgence permanente sur les passages de classe aussi bien dans le primaire, secondaire ou supérieur.

Ensuite évitons de déléguer à des institutions non démocratiques. (La commission européenne, les « ordres », les « hauts fonctionnaires » …) On doit accompagner chaque institution d’un contrôle démocratique avec la hiérarchie nécessaire. Le parlement sur la commission, la fin de la garantie d’emploi pour un haut fonctionnaire…

Les signes de reconnaissance ont une grande force symbolique… alors évitons de donner la légion d’honneur à des présidents d’association qui ne s’engagent dans l’associatif que pour ça, à des chanteurs ou des artistes mineurs, à des lobbyistes…mais à de grands scientifiques,à des sauveteurs occasionnels ou à des militaires qui mettent leur vie en péril pour les autres ou leur pays, à des gens de bien qui ne demandent rien, sauf le bonheur des autres.

Eviter de faire croire que tout le monde peut… oui, tout le monde peut être entrepreneur, même sans diplôme, mais avec une bonne dose de conscience des risques et surtout la capacité à assumer un échec. Motiver à l’excès est un crime. Donner aux gens le sentiment que c’est leur seule piste de rebond en est un aussi (par exemple dans le cadre de reconversion professionnelle). Il est grand temps de lutter contre l’uberisation du travail : ce sous prolétariat en devenir. Et commençons par demander aux conseillers, consultants et coachs de ne plus donner de faux espoirs. C’est envoyer les chômeurs au casse-pipe.

Mais l’espoir réside surtout dans les ami(e)s que je fréquente et qui partagent tout ou partie de mes révoltes, de mes passions et de mes utopies (il m’en reste).

S’il n’en restait qu’une ou un… c’est que tout n’est pas perdu. Alors, je reste, et je résiste...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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