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Pourquoi est-on légitime à craindre demain ….
La société est en train de vivre une mutation d’une violence inouïe et il me semble que personne n’en n’a réellement conscience et pour cause, nous y sommes tous impliqués et lorsqu’une personne est inscrite dans une métamorphose elle-même, généralement, ne s’en aperçoit pas.
Plusieurs niveaux sont touchés par ces changements profonds et parfois insidieux, le politique bien sûr, le social, les fondements culturels, l’économie, la relation au travail, le « sociétal », et sans doute, d’autres encore.
Je tente de mettre à jour ma propre analyse en vous confiant mon analyse de la situation actuelle de ces différents pôles.
Le politique :
A l’approche des élections présidentielles, je serai bien en mal de dire pour qui vont aller mes suffrages. Mais ce n’est pas ça le plus important. Lorsque d’un côté on lit sur les réseaux sociaux des comparaisons Macron/Pétain, France/dictature, il me semble que l’on oublie que l’on vit encore en démocratie et que ce n’est pas le pass-sanitaire qui entame cette appartenance. En revanche se laisser manipuler par des minorités (les chasseurs, les émeutiers antillais, les cathos (oui, je ne compte que les pratiquants), les antivax, les gilets jaunes, etc.) ça, ce n’est pas acceptable. On définit une politique et sauf à l’actualiser pour des raisons impérieuses, on s’y tient, même si on doit y perdre aux élections suivantes. En revanche, considérer Zemmour comme un acteur légitime, c’est reconnaitre à ce populiste une certaine filiation avec un dénommé Hitler en 1930… on peut se rappeler que :
« Le 14 septembre 1930, l'Allemagne se rend aux urnes. Ou plutôt se rue dans les bureaux de vote, comme en témoigne la participation : 36 millions de votants, soit six de plus que lors du dernier scrutin (1928). Pour tous les commentateurs de la vie politique, les élections doivent voir la victoire des extrêmes. De fait, si le parti communiste progresse fortement, c'est le parti nazi d'Hitler qui devient la deuxième formation du Reichstag, le Parlement. […]
Le vote en faveur des nazis dans ces élections de 1930 vient de tout le spectre social. Paysans, ouvriers, étudiants, surtout la petite bourgeoisie des classes moyennes, chacun a donné sa voix à un parti dont le chef incarne un sentiment d'unité. […]
[En 1932], une semaine avant l'élection présidentielle, Hitler rassemble cent mille Berlinois lassés des partis traditionnels, incapables de faire face à la crise. […] Hitler devient un candidat sérieux à la présidence. Alors la presse se déchaine. A droite, Hitler est présenté comme le prototype de l'aventurier politique. A gauche, les insultes sont plus personnelles. […]
Le 10 avril 1932 le verdict tombe. Hitler ne sera pas président. Treize millions d'Allemands ont voté pour lui. Un tiers de l'électorat. C'est énorme mais insuffisant. Le président sortant, le maréchal Hindenburg est réélu grâce au soutien de la gauche. […]
Juillet 1932. Beaucoup d'Allemands, épuisés par le désordre et l'impuissance du gouvernement, approuvent les violences nazies. D'où le résultat des élections : deux cent trente députés nazis ! Hitler est désormais le chef du premier parti politique du pays. Pour la première fois, le pouvoir est à sa portée. Très vite l'euphorie fait place à la déception. Le président Hindenburg refuse de le nommer chancelier (chef du gouvernement). Hindenburg lui propose quand même d'entrer au gouvernement, mais Hitler ne se juge pas comme un homme politique ordinaire, qui cherche un poste ministériel. […]
Le 30 janvier 1933, Paul von Hindenburg, président du Reich en exercice depuis 1925, nomme Adolf Hitler chancelier du Reich, à la tête d'un nouveau cabinet présidentiel et d'un gouvernement NDSDAP et DNVP. Par cette décision, il assène un coup de grâce fatal à la démocratie parlementaire d'une République de Weimar déjà fortement ébranlée. »
Nous sommes dans une situation où des émeutiers tirent à balles réelles aux Antilles, où on observe des « désobéissances » volontaires sur le port du masque, sur le pass, sur la vaccination, sur le pass vaccinal, ou on agresse des élus, et ça dépasse l’effet conjoncturel du Covid. Le covid est un révélateur , un point d'orgue. Ces désobéissances sont la marque d’un refus du bien collectif, une illusion de la toute puissance de la liberté individuelle et donc un rejet du pouvoir. Ce qui, paradoxalement, finit par unir dans un même camp, les partisans du refus de l’ingérence de l’état chez eux, et de l’Europe sur la France, et les anti-chaos en mal de bouc émissaire (les migrants). Des extrêmes de droite et de gauche qui optent pour une liberté libertaire et oublie la liberté républicaine, celle qui cohabite avec la fraternité. Le pays est prêt à confier son avenir à un beau parleur, quel qu’il soit, à partir du moment où il dit ce que les gens ont dans la tête… comme en 1930 en Allemagne. Le risque est bien réel et assumé par toute une partie de la population qui se croit en danger, alors que la solution qu’elle imagine est celle qui porte en elle-même le danger d’un populisme à dominante fasciste. Heureusement qu'une bonne moitié de la population est encore prête à s'opposer à ces "antis" au moins pour ne pas à avoir à payer pour eux...
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Le sociétal :
Les classes sociales se figent. Les très riches sont au-dessus de la mêlée, pas concernés, les très pauvres aussi d’ailleurs. Les pauvres s’appauvrissent encore plus et finissent par ne vivre que des minima sociaux, ne paient plus d’impôts (sortie de la collectivité), et avant de rejoindre les très pauvres constituent une bonne part du réservoir des « contestataires hebdomadaires ». La classe moyenne cherche à garantir ses privilèges, mais commence à compter. Elle perd en pouvoir d’achat, et ne sait pas encore qui elle doit suivre…Mais ce sont ses enfants qui me préoccupent.
La plupart du temps cette classe moyenne a élevé ses enfants comme des enfants « roi ». Du coup les nouvelles générations sont intouchables. Elles dénient le fait d’être différentes que celles qui précédent et en même temps pratiquent des comportements de fragilité extrême. « Maman, bobo » en permanence, « pas ma faute » également, et individualisme forcené juste entamé par un sentiment d’appartenance souvent illusoire. « Pas grave » et revendication de bienveillance à outrance, la « sanction » est refusée par principe. La mauvaise note est refusée et le prof mis en cause. Du coup, j’ai le sentiment d’un recul flagrant de l’objectivité sur la vision du monde et des événements. Cette absence de pragmatisme est une porte largement ouverte sur tous les excès, en particulier ceux du workisme.
L’incapacité à s’assumer seul est une autre facette de la description.
Mais revenons au workisme. Être de la minorité en cause est une raison suffisante mais aussi nécessaire pour porter un jugement légitime. Forme de censure débile qui provoque là encore des comportements incluant nihilisme, fascisme, sectarisme… Du coup les gouvernants préfèrent la fuite au détriment de l’objectivité encore une fois. On brule des livres, on interdit des reportages, on, modifie la réalité historique pour ne pas choquer, blesser des minorités agissantes.
Enfin, durant cette crise, la solidarité des citoyens est vite battue en brèche par l’égoïsme comportemental : abandon des gestes barrières, anti-vax et anti-pass… souvent exprimé d’une façon très hypocrite. « JE, ne risque pas de contaminer » « Je fais attention » « On exagère le problème » quand ce n’est pas en détournant le principe de liberté « personne ne peut me dicter ce que je fais de mon corps » . J’ai apprécié l’intervention de Claude Malhuret au Sénat qui, avec sa légitimité de médecin, déclare que l’ennemi de la liberté c’est le virus, pas le vaccin.(https://www.dailymotion.com/video/x82wflp)
D’un autre côté, il existe des penseurs, des influenceurs qui imaginent que cette crise est l’occasion de revoir notre organisation de la société et des entreprises. La protection de la planète, l’équilibre écologique, la sortie d’un capitalisme destructeur que l’on pourrait remplacer par un capitalisme social…je serais heureux qu’ils aient raison
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Le travail et la formation
On ne peut plus parler de formation, de prise de poste, de responsabilités managériales sans parler gamification, bienveillance, bien être ou pire bonheur au travail… Pourquoi pas sauf que… le travail dans la vraie vie n’est pas un jeu, le bonheur c’est autre chose, et la bienveillance a ses limites. Le rapport au travail est en train de disqualifier l’acceptation du lien de subordination, mais en même temps ce qui est un paradoxe, la responsabilité managériale. Si le salarié est acteur de son développement professionnel, il n’en possède pas tous les outils, mais se retrouve vite confronté à devoir se préparer à une uberisation de sa fonction, sans en avoir forcément les compétences. Et on lui fait croire que c’est lui qui en a envie.
Le rapport à la RSE est certainement une évolution saine. Là encore les effets pervers prennent souvent le dessus. Exemple : la diversité. La parité femme/homme est souvent un leurre. On augmente le nombre de femmes dans certains secteurs : la santé, les RH, le juridique, mais il est stagnant dans d’autres secteurs voire régresse. De plus sur les secteurs où les femmes sont en nombre, il n’est pas certain que les responsabilités soient identiques, ce qui en plus peut exercer une influence directe sur les rémunérations. Chez les médecins, l’arrivée des femmes en nombre sur les postes de généraliste correspond aussi à la nécessité de faire cohabiter vie professionnelle et vie privée, ce qui explique les difficultés à assurer le travail les week-end et … le mercredi. La médecine n’est plus une vocation mais une vacation à assurer aux heures prévues.
J’ajoute à cela que sur des fonctions type « gestionnaire de paie » en entreprise, non seulement on assiste à une disparition des profils masculins, mais aussi à l’arrivée en masse des filles issues de l’immigration. Pourquoi ? Sont-ce les seules filières qu’on leur autorise à occuper ? comme en son temps le ramassage des poubelles à Paris (Pierre Perret).
Le niveau intellectuel ayant régressé ces dernières années, et les connaissances aussi bien entendu au sortir de l’école, les références aux diplômes ne veulent plus dire grand-chose. Pour un poste tenu auparavant par un bac, on recrutera un Bac+3, en espérant que le niveau soit au moins égal, ce qui est loin d’être gagné.
Le télétravail dont la crise sanitaire a permis la mise en lumière et qui provoque tant de remous équivoques est aussi un exemple intéressant. Il est vrai que le niveau social (et donc de confort d’habitat) est intervenu dans l’organisation de ce qui aurait pu être une solution digne d’intérêt : responsabilisation, autonomie, réunissant le désir des salariés de s’affranchir de certaines contraintes et le « capitalisme » observant ainsi un épisode d’avancée dans la notion d’uberisation des salariés… Il n’empêche que (et encore une fois je fais abstraction des conditions de confort) les salariés souffrant de solitude reviennent sur leurs choix (et principalement chez les jeunes) et les entreprises manifestent leur limite de confiance (difficulté d’adopter le management par la confiance) d’où cette position de recul et du patronat et des syndicats.
Pour résumer :
Ma crainte de demain repose sur :
- Des principes républicains remis en cause
- Des modifications de hiérarchisation des valeurs
- Un comportement de gouvernants cédant à la pression de minorités
- Une perte de l’objectivité et de la « raison »
- Une fragilité comportementale des citoyens
- Une démission du « collectif »
- Une défiance de l’Autre
- Un abaissement du niveau culturel voire intellectuel
Et alors ?
Pour ma part je vais tenter de poursuivre le temps qu’il me reste à vivre à tirer cette sonnette d’alarme, cette cloche / tocsin, tout en sachant qu’on musèle souvent le messager des mauvaises nouvelles. Je vais continuer d’accompagner ces doux rêveurs d’une société différente, plus équitable mais aussi plus « formatrice » et plus ouverte à un enrichissement culturel autant que matériel. Maintenant c’est sans illusion, et il est des jours où je pense que l’humanité se détruira elle-même sans avoir besoin de catastrophe climatique. Elle disparaitra en permettant ainsi à la nature de redevenir elle-même et à la terre de retrouver son image paradisiaque.