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Un exemple réel de la bêtise managériale…
On rabâche les oreilles des téléspectateurs crédules que les Français ne veulent plus travailler, que nombre de métiers sont pénuriques, qu’il n’est plus possible de recruter…
Peut-être… mais pour ma part, je suis certain que la solution à ces problèmes est identifiée et qu’il suffirait de presque rien, comme le dirait Reggiani, pour éviter cette « grande démission » : je vous raconte .
Hier après midi la voiture neuve que je viens d’acheter (je vous cacherais la marque par charité chrétienne) refuse de démarrer. Rien de plus pénible qu’une voiture hors d’usage après une durée de vie de 4 mois. J’appelle l’assistance qui fait son job et m’envoie un dépanneur. Miracle, il s’agit du garage concessionnaire qui m’a vendu la voiture.
Un garçon sympathique se présente, avec son camion, la quarantaine, précis et efficace tout en étant très aimable et à l’écoute. Le diagnostic est rapide, c’est la batterie qui a lâché, il en a une en stock dans sa dépanneuse, il la remplace et ça fonctionne. Mais voilà, je vais vous résumer le dialogue qui suit au mot près. C’est lui qui parle :
- Voilà, c’est réglé. Mais lorsque vous viendrez pour la révision, signalez le problème que vous avez eu. Et puis, n’hésitez pas à nous rappeler si vous avez des informations bizarres qui s’affichent. C’était la batterie, j’en suis certain, on a déjà eu le problème sur ce modèle, mais je ne peux pas certifier qu’il n’y a pas autre chose. Bon, maintenant vous connaissez la maison, il y a des chances que ce soit moi qui soit votre interlocuteur s’il y a problème. Enfin su je suis toujours là…
- Parce que vous allez partir ?
- Je suis dans cette entreprise depuis 15 ans. J’y étais bien…mais c’était avant… ce n’est plus pareil.
- Qu’est ce qui a changé ?
- Nous sommes plus « gros » qu’avant et surtout je ne peux pas cautionner le « toujours plus de profit » lorsque ça touche la qualité de la relation client et les rapports « humains » avec la hiérarchie.
- Pas de bon rapport avec le N+1 ?
- C’est mon seul interlocuteur. Avant on voyait le patron, maintenant on ne sait même plus qui il est. Mon N+1 c’est un jeune parisien qui vient d’arriver et qui nous méprise. Je ne peux plus travailler comme ça. J’ai 40 ans, marié, 2 enfants, je veux vivre autrement.
- Et vous cherchez ailleurs ?
- Pas besoin, dimanche dernier j’ai reçu un coup de fil chez moi. L’un de nos concurrent me demande de passer le voir parce que mon profil l’intéresse et qu’il pense qu’on peut faire affaire… alors tout dépend de ce qu’il propose et combien…
- Le salaire ?
- Non, d’abord les conditions de travail puis effectivement le salaire. C’est maintenant ou jamais.
- Votre patron va être surpris…
- Même pas certain. Depuis quelque temps, ça démissionne souvent, même du jour au lendemain. Hier matin, un collègue est arrivé bien remonté et a dit qu’il ne terminerait pas la journée. A midi il était parti. Je n’ai jamais connu ça. La pression devient intenable. Plus de respect, plus de convivialité…on n’est pas au bagne, alors tant pis pour eux !
Je suis certain que cet épisode de vie au travail est observable aussi dans d’autres entreprises.
Rien ne se serait passé si… en grossissant, les entreprises ne perdaient pas le sens de l’humain. Si les jeunes encadrants savaient « respecter » leurs équipes et comprendre que les perdre sera le début de leur propre fin. D’autant que la concurrence est à l’affut et sait même pratiquer la chasse de tête…le dimanche.
Ce dialogue réel, je n’ai pas changé un mot, était en plus lourd en émotion, en tristesse. Il n’avait pas envie de quitter sa boite, ce technicien, mais pas envie non plus de continuer à vivre dans cette ambiance : plus de respect pour le client, plus de respect pour les salariés. Un seul objectif : le profit.
Mauvais calcul, mauvaise stratégie… pour être profitable, il faut … des salariés motivés. CQFD.