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Les normes, l’argent, les affaires et moi…

 

Depuis longtemps déjà je suis très interrogatif sur l’intérêt de l’inflation normative. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je suis certain que notre monde économique a besoin de règles. Les accords internationaux sur l’usage du timbre-poste en étaient une forme d’avant-garde. Comment aurions nous pu correspondre ? Il est nécessaire qu’il y ait une règle du jeu lorsque la planète développe les échanges entre les pays, entre les activités, entre les cultures.

Les normes sont le reflet d’une culture dominante : en l’occurrence la culture anglo-saxonne et les Etats-Unis pour être encore plus clair. Etrange, un pays on ne peut plus libéral qui prône la réglementation normée ? Pas si étrange que ça lorsque l’on considère que ces besoins de règles sont une forme de protection quant aux matières et services entrants, (input) et beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’accepter les normes en sortie (output) comme limitante de l’activité commerciale. 

Aujourd’hui les normes sont intégrées au rapport de force entre les continents, les organisations commerciales, qui deviennent à leur tour des créateurs impulsifs de normes (Bruxelles…). Celles qui font fleures dans l’agro-alimentaire, dans le bâtiment, dans le transport… Et pourtant…

Le règne de l’ISO n’est-il pas illusoire. En se basant essentiellement sur le « processus », sur le respect des procédures, ne fait-on pas prendre au public des vessies pour des lanternes… En justifiant que les règles écrites assurent la traçabilité, il n’a jamais été dit que les produits étaient, pour autant des produits de qualité. Alors est-ce réellement nécessaire ? En matière d’ISO 9000, votre usine fabrique un produit nuisible pour la santé, si vos process et procédures qualité sont respectées, vous fabriquerez du poison « certifié ».

Un monopole dangereux : En France, nous avons confié à l’AFNOR cette mission d’être à la fois l’édicteur de la norme, le membre des associations internationales, et … le contrôleur. Une véritable mission monopolistique, qui fait de cette Agence le pivot des normes. Du label à la certification, de l’attribution à son renouvellement, elle est omniprésente…et au passage son tiroir-caisse aussi. Comme dans le sport, elle pratique aussi les produits dérivés, les ouvrages, les études, les formations… Maintenant, soyons clair… lorsque les audits sont sous-traités à des « indépendants » qui doivent payer une formation pour être retenus, et que leur prestation journalière brute n’est pas le tiers des honoraires facturés, il me semble y avoir problème. C’est pour cela que le renouvellement pour une société qui vient de fusionner avec une autre et perd ainsi le bénéfice de son label, tout à fait estimable, finit par lui sembler cher… Y compris dans l’environnement rh, où les directions opérationnelles finissent par se poser la question de l’utilité du label…

Je n'ignore pas la présence des autres organismes certificateurs (exemple : Apave Certification, filiale de certification du Groupe Apave propose des prestations de certificationdes systèmes de management. (ISO 9001, ISO 14001, ISO 50001, OHSAS 18001). Apave Certification s'appuie sur un réseau d'auditeurs qualifiés, internes et externes, répartis sur le territoire national.)

Mais elles ne sont pas à l'origine des normes. N'oublions pas que pour engager le processus de normalisation, les entreprises demanderesses doivent payer. D'où ce sentiment étrange qui consiste à se demander pourquoi le font-elles, si ce n'est avant tout pour faire barrage aux concurrents.

Deux revendications dans l’air du temps : La norme est souvent le reflet d’un manque de courage politique. Je préfère que les fournisseurs ne puissent vendre chez moi parce qu’ils ne sont pas « cadrés » par une norme plutôt de déclarer qu’ils ne sont pas les bienvenus, ce qui est un crime de lèse libéralisme. Donc plus on en fait et plus on pense se protéger. Et plus on en fait et moins on ouvre le marché aux « petits ». Plus on en fait et plus on ouvre des voies royales aux lobbies et à leur pendant, la prévarication… Enfin, plus on en fait et moins on simplifie, plus on ralentit le tonus des affaires…contreproductif !  Donc, première revendication : accompagner la simplification administrative d’une décrue du flux isopien. La balle est alors assez souvent européenne…

La seconde revendication est pour une dissociation entre le régulateur (AFNOR) et le contrôleur (à trouver). On ne peut impunément être juge et partie. Le monopole n’est en rien sécurisant, ni facteur d’économie… Et, attention, pas de faux semblants, pas de découpage fictif d’une même structure sous deux noms différents. Non, un appel à la concurrence avec des critères de qualité mais aussi un contrôle des tarifs…c’est le moins que l’on puisse faire. Dire que l’institution doit être forte pour être légitime en face des organisations américaines est une excuse un peu facile lorsqu’elle est financée par ceux qui sont censés vouloir respecter les bonnes pratiques et non être les victimes de rapports de force qui devraient être du domaine du politique…

Maintenant quid de ces réflexions et de l’environnement RH ? Simplement qu’après la qualité, la production industrielle, les services, les labels et certifications se déploient dans les fonctions RH et risquent de se déployer de plus en plus (certification pour les organismes de formation, label diversité, Iso « gouvernance », etc.) et que cette vague va également être portée par les nouvelles technologies (applications RH, IA …) Alors au moment où l’on va peut-être devoir normer l’éthique (!!!) il est plus qu’indispensable de se poser les bonnes questions…

 

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