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On lève un bout du voile…

Alors que j’ai plein de travaux en retard, je ne peux m’empêcher d’écrire ces quelques lignes puisque chaque jour, une information vient conforter mes réflexions.

Je pensais à un billet d’humeur et, c’est là mon angoisse, ce ne sera qu’un billet désabusé car je ne vois aucune solution envisageable, du moins dans l’immédiat.

Le numéro 11 du MagRh va comporter en septembre un super dossier sur le « vivre ensemble ». Non, pas ces jérémiades psychopapouilles qui à grand renfort de psychologie dite positive, ou de psaumes « catho de gauche » nous engagent à aimer notre prochain et ne surtout pas condamner les pratiques déviantes, car « ils » ont tellement d’excuses… et pas non plus, les pratiques coatchingnestes spinozistes qui pointent le paradis (euh, non, le bonheur) en récompense d’une collaboration généreuse. En revanche, prendre les aspects comme l’exclusion, le handicap, la mixité, l’immigration, la différence et poser le tout sur la table pour une réflexion sans concession et aussi la créativité, l’intelligence collective, le choix des équipes, le management…comme verso de la médaille, celle qui est moins médiatique et dont on parle moins.

Maintenant en même temps que l’élaboration de ce dossier, je suis confronté aux informations que dispensent les chaines de télévision : la poursuite des mesures covidiennes, les marches à Berlin ou Paris (toute petite à Paris) des anti-masques, les émeutes post match de foot, les violences lors d’interpellations, les interviews de jeunes lors de rêv’s-interdites, les ouvertures de plans sociaux, les diatribes sur la corrida avec le garde des « sots » ( ?) et les propos intolérables du président des chasseurs (un autre sot, gardé par le même…) , le violeur assassin de Nantes qui récidive, et un juge qui dit ne pas s’être trompé…

Quel rapport direz-vous ?

Simplement une seule question : est-il encore possible de vivre ensemble ?

J’allais dire le français moyen, mais je crois que nous pouvons dire l’humain moyen, me désespère. Et en disant ça, une petite voix (Gémini Cricket) en moi me dit « mais qui es-tu, toi, pour te situer au-dessus des gens. Tu ne sais même plus pour qui voter, tellement les acteurs politiques te déçoivent ». Alors ?

Dans ma tête, une autre voix lui répond : les quelques valeurs acquises au fil des ans, bien souvent héritage paternel, les rudiments de philosophie, héritage de profs de génie, et les amitiés qui génèrent des discussions créatrices, sont bousculées, violées, battues en brèches par ce monde dans lequel je ne me reconnais plus et avec lequel je n’ai plus d’intimité. J’ai réellement du mal à vivre avec ces gens là (surtout qu’on se rend compte que beaucoup cumulent : anti-masques, complotistes, gilets jaunes et extrême droite, les pauvres…)

L’humain moyen est devenu un ectoplasme dénué de capacité de réflexion, inculte et grégaire tout en s’affiliant à une secte qui prône la défense de la liberté (y compris de détenir des fusils mitrailleurs comme aux US), l’absence de respect pour ceux qui briment leurs agissements, le non-respect de la loi, de la démocratie. Si j’ajoute le sentiments d’être les seuls à détenir la vérité, de ne se soumettre à aucune autorité sauf à son groupe Facebook (et encore), je brosse le portrait de celle et celui que je trouve maintenant pratiquement à chaque coin de rue… et partout en Europe (difficile même d’imaginer s’expatrier)

Et pendant ce temps, pendant que ce monde s’enfonce dans une médiocrité effarante, à l’image des médias télévisuels, on regarde ailleurs comme disait l’autre, et on adopte l’écriture inclusive, la refonte des titres de romans ou des pâtisseries, on normalise, on désinfecte, on aseptise, on tire un trait sur le passé…comme s’il n’avait jamais existé, comme si les populations aujourd’hui n’avait plus aucun sens critique…. Et là encore, je fais face à mes contradictions : je viens de dépeindre un monde lobotomisé, et je voudrais qu’il ait un sens critique… il faut savoir !

Ce sont ces contradictions, ces complexités qui font que j’ai des amis chasseurs (moins pire que les autres, bien sûr)  alors que je suis pour une interdiction totale de ce vestige archéologique, que j’ai des amis gradés militaires (et des très bons) alors que je suis plutôt pacifiste, que j’ai des amis de droite (alors que même si 68 est loin, je suis resté plutôt de gauche – tout en votant utile, quand même) , ces contradictions donc, me poussent à refuser maintenant les compromis et ça m’inquiète. Déjà au moment du blocage des ronds-points, effaré par la bêtise crasse de certain, j’avais été tenté de « forcer » le barrage… aujourd’hui je traite de connard le vieux (ou le jeune) qui s’approche de moi sans masque, et je redoute les reculs concernant l’avortement, la liberté des femmes, l’opposition aux vaccins pour les enfants, les reculs de la laïcité… je suis en train de perdre de la tolérance…jusqu’où ?

A côté de cela, je suis encore capable de m’émerveiller sur un coucher de soleil, sur un paysage de givres en campagne, sur un cerf qui galope près de ma voiture, sur le comportement de voisins que je ne connaissais pas il y a un an et avec qui je passe de très bonnes soirées où qui viennent m’aider à réparer une fuite d’eau sans même que je leur demande… sur le sourire d’une femme que j’aime ou sur les photos émouvantes de mes enfants… J’ai encore la capacité d’être sensible aux attentions d’amis ou de collègues (les deux ne sont pas incompatibles), je suis capable d’admirer des profondeurs de pensées, des acuités réflexives qui laissent apparaître des évidences qu’on n’avait pas perçues. Alors tout n’est peut être pas perdu… mais chaque jour, imperceptiblement, je crains fort que la bascule penche un peu plus…

Il est temps que je me reprenne n’est-ce pas ? alors je retourne à la mise en ordre du dossier « vivre ensemble » du MagRh…

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