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Plus j’assiste à des colloques ou simples réunions d’information sur l’IA et sur le numérique et la fonction RH et plus j’en ressors affligé.

Les « spécialistes » qui gèrent et promotionnent des structures « publiques » ou privées dont le rôle est de faciliter le développement du numérique en France ou encore de l’acculturation, comme on dit aujourd’hui, pour permettre à de nouvelles populations de se préparer à entrer dans un nouvel environnement professionnel sont, il faut bien le dire, assez souvent aveuglés par un miroir aux alouettes qui ne veut pas dire son nom.

Quelques exemples :

  • On continue de véhiculer l’idée que 60% des métiers de demain ne sont pas encore connus aujourd’hui. Et d’en tirer la conclusion qu’on ne peut former les étudiants qu’à l’adaptation.

Je ne suis pas certain du tout que ces études soient très sérieuses. Non pas qu’une partie substantielle des métiers ne puissent être transformés, mais qui nous assure de cette proportion et surtout qui nous assure qu’une majorité des emplois détruits serait effectivement remplacés ?

 

  • Ces « spécialistes » s’extasient sur les prouesses des applications du moment (recrutement prédictif, coaching numérique personnalisé, formation via mooc’s, et d’autres encore). Mais ils n’insistent jamais sur les principes théoriques qui font se mouvoir les algorithmes : le déclaratif des compétences, la fabrication potentielle de clones, l’influence négligée du management sur deux profils identiques, la déresponsabilisation des recruteurs ou des utilisateurs… Et on retrouve même des appétences pour des applications encore américaines pour l’instant, qui utilisent la reconnaissance faciale pour l’interpréter en termes de « motivations » … Il a fallu des années pour se débarrasser des graphos et autres psychomorphos en recrutement, et nous voilà replongé dans les mêmes déviances avec la même justification pseudo scientifique.
  • On imagine volontiers que donner à des jeunes la vision qu’on peut faire du jeu vidéo (cyber athlète) un vrai métier doit avoir le même impact que de proposer à un jeune camerounais d’entrer dans une équipe de foot. Mais estce sérieux ? Ne propage-t-on pas de faux espoirs ? N’est-ce pas la « star-ac » adapté à Pôle Emploi ?
  • Cette approche reste terriblement élitiste. Les nouveaux métiers sont certainement réels mais de combien de pilotes de drones l’économie nationale at-elle besoin ?

Je suis affligé, dis-je, parce que je constate que les RH sont en permanence sur la défensive. Les individus comme les institutions réagissent à des applications, à des tendances. Sur le plan étique d’abord. C’est bien, mais souvent a posteriori. Sur le plan technique ensuite, mais avec quel effet puisque l’application est déjà développée. Jamais je n’ai entendu un cercle de RH ou un DRH en entreprise fixer le cahier des charges. Je rêve qu’un jour il soit possible d’entendre d’un groupe de DRH « voilà, compte tenu des besoins de nos entreprises et de nos obligations RH, mais aussi de nos valeurs, voilà donc les applications dont nous avons besoin. C’est nous, DRH qui sommes porteurs de l’innovation RH. Tant que nous laissons ce soin aux autres, nous risquons fort de nous retrouver poussés à accepter des états de fait, des pièges qui auront été validé par des acteurs qui, quoi qu’ils en disent, ne sont pas des spécialistes.

 

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