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D'abord, ce que je vais dire n'engage que moi et je m'en voudrais de mettre en difficulté tous mes amis formateurs, enseignants, prestataires, que j'entend râler en permanence, mais qui n'oseront jamais afficher ouvertement leur agacement. Ce petit rappel pour expliquer l'absence de références et d'exemples concret  de ce billet... pour ne pas les mettre en difficulté. Avec une dictature on n'est jamais assez prudent. Ce ne sera donc qu'un coup de gueule !

 

 

Qualiopi vous en avez entendu parler ? C’est cette nouvelle certification dite « qualité » qui va autoriser les organismes de formation et les écoles en tout genre à délivrer de la formation. Elle sera obligatoire et en dehors point de salut.

Alors, comme je ne suis pas concerné, ne profitant ni de fonds publics ni de fonds mutualisés, je vais dire ce que je pense réellement de cette démarche, sans langue de bois. D’ailleurs il est nécessaire de le préciser : les organismes qui font de la formation et qui ne se font financer ni par le CPF ni par des deniers publics ou des fonds issus de la mutualisation peuvent parfaitement continuer à former et à apporter leurs produits aux entreprises (qui peuvent les inscrire au plan de développement des compétences) sans être « qualiopi ».

Maintenant pourquoi suis-je énervé par cette procédure ?

Une raison toute bête : cette certification , comme la quasi-totalité des normes, fait passer le processus avant le contenu. Non, ce n’est pas parce qu’un process est certifié que la matière est de qualité ! Or en formation, c'est quand même l'efficacité et l'efficience qui importent.

Dans une grande école que je fréquente depuis des années, j’observe le temps passé par des assistantes et des cadres à tenter de mettre en musique cette qualiopitude. C’est une horreur ! Des larmes (parfois), des crises de nerfs(souvent) et on ne peux pas dire que la qualité de l’enseignement y gagne en qualité, et je vais même dire au contraire. Alors que l’on se consacre à imaginer des processus d’évaluation, non sur l’acquisition des connaissances (sic) mais sur l’acquisition de compétences autorisant la pratique des connaissances… (un énarque est-il l’inventeur de cette superbe connerie ?) on évite bien évidemment de dire « comment » mais surtout depuis quand, une compétence peut-elle s’acquérir à l’école ? Pour moi, pédagogue de base, une compétence ne peut-être réelle que si l’aptitude ou la connaissance est mise (et pas qu’une fois) en application.

A-t-on déjà calculé le temps consacré à ces formalités qu’il faut recommencer tous les ans. Il serait intéressant de quantifier ces coûts cachés…juste pour voir !

Mais surtout, qu’est ce qui importe, que la procédure soit suivie à la lettre ou que l’enseignement soit adapté à l’individu (individualisation), agile (on s’adapte aux circonstances, à l’environnement) et on est en mesure de « sortir » du cadre s’il le faut… C’est ce qui prévaut dans les tendances actuelles de la pédagogie, non ?. Or, les procédures vous enlèvent toutes ces nécessités, cette souplesse. De la formation « industrielle », normée, sans goût ni saveur, voilà ce que Qualiopi vous prépare.

Partant du principe que chaque formateur, chaque organisme est un escroc qui sommeille, on en fait un être sans imagination, sans volonté d’atteindre la raison réelle de son engagement : faire évoluer l’apprenant, le faire monter en puissance, le mettre tout simplement en position de pouvoir « gagner ».

Je ne parlerai pas, ne voulant pas en faire une question de personne, du niveau des « auditeurs » qui n’arrange rien… il est vrai que datadocks nous avait habitué à ça… Mais qu’ils puissent donner leur avis sur le contenu de formation (lorsque ça concerne la procédure) en se comportant en censeurs m’insupporte au plus haut point.

Cette certification infantilise le formateur, mais elle pénalise aussi l’apprenant car, pour des raisons administratives, il va peut-être passer à côté d’une superbe formation faite pour lui ; il va peut-être se trouver confronté à l’impossibilité de voir sa demande prise en compte au prétexte qu’elle ne rentre pas dans le cadre. Et que fait-on de l’innovation pédagogique ?

Vous savez, lorsque les normes ISO 9000 sont sorties, bien des gens pensaient que c’en était terminé de la non-qualité. Ils ont vite désenchanté. Vous fabriquez de la « merde », mais vous suivez à la lettre toutes les étapes de la procédure, et bien, vous aurez de la « merde » certifiée ! C’est ce qui risque fort d’arriver en Formation. Ce qui est dommage c’est que les partenaires sociaux et  les branches, se soient laissé prendre à ce piège.

Vous allez me dire que chaque « contrat » ou « appel d’offre » public supporte des contraintes identiques… on exigera le respect des lois sociales et financières, on demandera des preuves de la qualité des produits. Je ne dis pas qu’il ne faut pas de garde-fous. Mais tout est question de proportion ; d’une procédure qualité, on est passé à une dictature qui écrase ce produit magnifique qu’est le développement des compétences. Et j’enrage de penser que ce sont, entre autres, des générations de jeunes qui vont en faire les frais.

Obligatoire au 1er janvier 2022, il est encore temps de revoir la copie. En attendant elle a provoqué l'arrivée d'un nouveau marché : le conseil et l'accompagnement en obtention du label... comme quoi !

 

 

 

 

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